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DAC - le portail d'information de l'association Développer Autrement le Congo (DAC).

14 Feb

Le Cartel du mal détruirait-il Brazzaville pour promouvoir OYO?

Publié par Berijc

 

 
Le Cartel du mal détruirait-il Brazzaville pour promouvoir OYO ?

Brazza la belle et la verte je te chérirai toujours…. Même si on vole à Brazza pour bâtir à OYO

 

Par  Jean-Claude BERI 

Une déambulation dans la rue des quartiers de Brazzaville, est l’occasion de brosser le portrait sans concession d’une ville à l’histoire défigurée et qu’on laisse se détruire. Dans certains quartiers, on a l’impression de traverser une ville en guerre jonchée par les immondices, le paysage désolant des éboulements, l ‘effondrement des bâtiments,  le vieillissement des bâtiments et l’abandon des infrastructures routières. D’un autre côté, le pouvoir de Brazzaville vante la beauté d’une nouvelle : OYO. 

Des incidents dans le Pool empêchent le bon fonctionnement du CFCO au CongoBrazzaville est une ville en mouvement qui s’est lentement construite tout autour du premier aéroport de Brazzaville situé à Bakongo, dans l’enceinte du centre sportif.  Faisant le lien avec la Case de Gaulle. Et Poto-Poto avec la proximité de fleuve Congo en faisait les deux pôles dynamiques de la jeune Ville en devenir.   Ses quartiers ont progressivement retrouvé, de manière organique, une vitalité économique portée par les petits commerces et les artisans qui ont fait de Brazzaville l’épicentre ou la source d’une créativité artistique et le poumon économique de la ville. A l’époque coloniale, Brazzaville fut la capitale de l’Afrique équatoriale française (AEF) En 1940, Brazzaville devint la capitale de la France Libre. C’est de là que le général de Gaulle lança, le 27 octobre 1940, un manifeste annonçant la création d’un Conseil de défense de l’Empire. Elle doit son appellation à l’explorateur Savagnin de Brazza. En vrac je dirais que Brazzaville vibre au rythme des avenues MATSOUA déclassée par l’avenue de l’OUA et Avenue de la paix. La ville s’est développée par un prolongement du tissu urbain bordant ces avenues.

Les Brazzavillois gardent le souvenir d’avoir adoptée cette ville pour son côté verdoyant (Brazza-la verte) pour sa culture avec les Lycées SAVORGNAN DE BRAZZA, CHAMINADE, le CFRAD, La maison de peinture de POTO-POTO, ou le Square de GAULLE, les cinémas RIO, ABC, STAR VOGUE… 

Aujourd’hui,  Brazzaville s’est agrandie et compte 9 arrondissements, seulement elle ne s’est jamais remise des conséquences de la dictature marxisme léninisme, de la guerre civile et des décennies de division. Son espoir n’est pas de récupérer les unités de production ou de recherche et développement qui se trouvent aujourd’hui  décapitées ou injustement déplacées à cause des choix politiques incohérents. Elle se limite désormais au déménagement des administrations qui jouent au YO-YO. Ce qui est impensable ailleurs, le pouvoir actuel l’entretient sournoisement,  comme le disent certains Brazzavillois, c’est d’abandonner BRAZZAVILLE, ( Makélékélé ; Bacongo ; Poto-Poto ; Moungali ; Ouenzé ; Talangaï ; Mfilou ; Madibou ; Djiri))  avec ses 2.308.000 millions d’habitants et son taux de chômage de 43%, reste un cas social. C’est un piège dont elle ne pourra jamais sortir par ses propres forces. La mégalomanie de certains projets publics en est responsable, et plus encore le fardeau historique de la division en fait d’elle une victime. Elle illustre l’incapacité ou l’absence de volonté politique pour réellement urbaniser la ville et en faire une capitale moderne.Brazzaville : Le lycée Chaminade dans un délabrement total

 Pour cause la rivière « LA TIEME » et la « Glacière » qui reçoivent les eaux usées de la ville avant de les déverser dans le fleuve Congo, la destruction, de la  Grande gare et le dépôt de MPILA,  quand toutes les routes alentour sont congestionnées, ou encore, le maintien à l’état archaïque le port Fluvial de Brazzaville sont autant de symptômes des maux qui rongent la ville. Malgré la sidération, malgré l’étonnement de voir un gouvernement dépensé autant d’argent pour la promotion d’une ville peu encline dans les mémoires des congolais, malgré le deuil, malgré la tristesse, malgré la colère…  Il me fallait l’écrire parce que, dans cette épouvantable abandon, Brazzaville se souvienne .  

A OYO, on sort de chez soi,  on a l’eau du robinet qui coule, OYO est une ville presque connectée,  OYO, possède l’un des plus grands centre Hospitalier du pays et  certaines grandes directions des institutions financières sous régionales ont leurs sièges sociaux à OYO, pendant que le personnel réside à Brazzaville, AVERA (sous la protection du petit fils de SASSOU) gère les ordures de Brazzaville comme une activité dérisoire…   Si ce n’est pas une volonté délibérée de détruire Brazzaville pour en faire une ville secondaire au profit d’OYO,  j’aimerai qu’on m’explique.El Cubano: Tourisme : l'hôtel Alima Palace désormais ouvert au public

A Brazzaville,   c’est la prédominance du racket  permanent   sur les populations,  c’est attendre ou parcourir des km pour avoir l’eau potable, c’est vivre dans des taudis à proximité des tas d’immondices, C’est dormir d’un œil en guettant  le moindre bruit d’affaissement de terrain.  Brazzaville devient la ville mouroir  des congolais Pourquoi tout ca ?

Il y a d’abord le traumatisme qui hante les Brazzavillois depuis la guerre civile. Il n’est peut-être pas visible mais il est puissant. Au total, ce sont 30 000 personnes qui ont perdu leur logement et ont dû trouver refuge chez des proches. Se reconstruire prend plus du temps que ce qui avait été annoncé. Sur le plan physique, les zones qui ont le plus souffert sont des quartiers a fort regroupement ethnique et concentrant un grand nombre de bâtiments appartenant au patrimoine architectural colonial (donc sous la responsabilité de l’état). Selon notre envoyé, 32 de ces bâtiments seraient irrécupérables et plus de 210 autres présenteraient des risques d’effondrement. Leurs murs se fissure à vue d’œil, leurs arcatures, leurs charpentes de bois, leurs toits parfois en toile, les boiseries de leurs façades, les marbres de leurs balcons n’ont pas résisté à l’usure du temps.

D’un autre côté, on bâtit des bâtiments neufs et moderne à OYO dont l’utilisation est incertaine. On ne reviendra pas sur le érosions et éboulements (nous en avons largement débattus ici) qui finissent pas déstructurer la capitale.

Comment voulez-vous que les Brazzavillois accueille cette publicité qui alimentent certains  panneaux publicitaire de Paris vantant la ville d’OYO d’un bon œil, lorsque dans leur quotidien immédiat ils sont délaissés?

On ne bâtit pas une ville avec le prisme tribal. Nombreux des chefs d’Etat africains qui se sont laissés emporter par ce ridicule ambition ont vu,  après leur disparition,  ces belles villes devenir des paysages sauvages ou les mauvaises herbes côtoient le marbre. Des grands hôtels de luxe transformés en squats des voyous. OYO méritait autre chose que cette publicité qui l’assimile à l’incompétence, la mauvaise gouvernance.

Pour éviter de répéter les erreurs du passé et empêcher la prédation néfaste des dirigeants et les pouvoirs publics, il est indispensable de fixer un cadre juridique à la reconstruction et à la restauration des zones affectées et à la réhabilitation de bâtiments de Brazzaville. La gouvernance urbaine doit impliquer les habitants, tenir compte de leurs avis, de leurs pratiques et de la manière dont ils envisagent leur ville. Sans une gouvernance urbaine efficace, éclairée et inclusive, la ville de Brazzaville – bien au-delà de quelques éclats quartiers poursuivra son lent déclin.

Il y a des raisons d’espérer. Malgré ses revers, malgré la mauvaise volonté politique, Brazzaville garde un potentiel urbain extraordinaire grâce à son dynamisme, son histoire, sa culture, sa créativité, sa démographie et sa géographie, mais aussi par ce qu’elle évoque dans l’imaginaire collectif des congolais. Il faut aujourd’hui que ce potentiel urbain puisse s’exprimer pleinement et que ceux qui portent cette créativité puissent être décisionnaires. Laissez Brazzaville aux des NGUESSO, c’est condamner Brazzaville.  Brazza la belle et la verte je te chérirai toujours…. 

 

 

Jean-Claude BERI 

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