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DAC - le portail d'information de l'association Développer Autrement le Congo (DAC).

22 Apr

Congo-Brazzaville : Les ricins de la colère.

Publié par Berijc

Congo-Brazzaville : Les ricins de la colère.

Congo-Brazzaville : Les ricins de la colère.

 

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

 

Le peuple congolais est vent debout depuis l’octroi à titre gracieux de 980 km² de ses terres arables au Rwanda, soit 3,7 fois la superficie de Brazzaville (263,9 km²), sans avoir au préalable consulté le souverain primaire qui n’est autre que le peuple congolais lui-même.

En bon dictateur, monsieur Denis Sassou Nguesso gère le Congo-Brazzaville comme une épicerie familiale en faisant fi de la volonté populaire qui refuse la cession de ses terres au Rwanda. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Les scandales financiers se succèdent avec la signature d’un prêt d’un milliard de dollars américains avec l’Azerbaïdjan sous couvert de la restructuration de la CORAF (Congolaise de Raffinage) lors de la visite de monsieur Denis Sassou Nguesso du 3 au 5 avril 2024. Ceci vient encore alourdir la dette publique totale congolaise qui était déjà de 14,2 milliards de dollars américains au 31 décembre 2023. Il faut savoir qu’avec un endettement de 98,97 % du PIB (produit intérieur brut), une moyenne tolérée à 70 % dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), le Congo-Brazzaville ne peut lever pour cette année 2024 que 100 milliards de francs CFA sur le marché des titres publics. Ce butin de guerre servira à payer quelques mois de salaires des fonctionnaires afin de maintenir un semblant de paix sociale, et assurer le train de vie de la famille régnante dans l’attente des recettes de la production gazière d’Eni retardée pour au moins 06 mois.

Le remboursement de ce prêt se fera sur le pétrole et le gaz gagés, manœuvre déjà décriée lors de la Conférence nationale souveraine. Il faut aussi ajouter les achats d’armes du Congo-Brazzaville à l’Azerbaïdjan pour le compte du Rwanda sous embargo d’armes des USA pour son activisme aux côtés du M23 dans la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Le Congo-Brazzaville, un pays qui n’est pas en guerre, achète chaque année pour 100 à 150 milliards de francs CFA d’armes hors budget. Depuis 2015, le Congo-Brazzaville a déjà acheté à l’Azerbaïdjan au moins 500 tonnes d’armes financés par la SNPC (Société Nationale des Pétroles du Congo) qui échappe à tout audit conformément aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI).

Peuple résilient, habitué à être massacré depuis son indépendance par les gouvernements successifs, il est plus que temps que le paradigme de la politique change. Ce qui se joue actuellement, avec ces cessions hasardeuse des terres congolaises aux Rwandais par des minables petits comploteurs, est notre souveraineté.

Lors de la guerre civile sanglante du 05 juin 1997 qui fit 400 000 morts, nous avons déjà eu affaire aux Hutus rwandais qui aidèrent monsieur Denis Sassou Nguesso dans son épopée macabre de reconquête du pouvoir par les armes. En cela nous savons qui sont ces Rwandais, ces militaires rwandais, qui nous envahissent sous le prétexte des accords fallacieux non ratifiés par le parlement congolais, donc caduques. La libre circulation des personnes et des biens est nécessaire au développement des économies et au raffermissement des relations fraternelles dans nos contrées. Cependant entre le Rwanda et le Congo-Brazzaville, cela fait de notre pays l’un des plus perméables et livré au bon vouloir des Rwandais.

Le peuple congolais n’est nullement xénophobe comme tendent à le faire croire certains dirigeants politiques avides de leur propre bien-être dans ce système mafieux qui dirige notre pays basé sur le tribalisme mbochi exacerbé et la cooptation des affidés, les nécessiteux des autres tribus.

Après la colonisation et la néocolonisation par la France, se dessine actuellement une colonisation par l’Italie à travers sa société pétrolière Eni. Le Congo-Brazzaville devient ainsi le levier majeur du plan d’Eni pour s’affranchir du gaz russe. Les liaisons incestueuses qu’entretiennent cette société pétrolière avec les dirigeants congolais, des personnalités politiquement exposées, vont à l’encontre des règles de bonne gouvernance que l’on se doit d’attendre dans les affaires internationales. La société Eni défend les intérêts de l’Italie, aux Congolaises et aux Congolais de défendre les leurs en demandant des comptes aux responsables congolais arrivés au pouvoir par effraction, par la voie des armes.

La cession de nos terres obéit à une logique économique qui est celle de la culture du ricin pour la production des biocarburants à base d’huile de ricin par Eni, un accord signé le 04 octobre 2021 pour un projet industriel de plantations de ricin sur plus de 150 000 hectares soit 1500 km². Ce projet qui devrait générer 90 000 emplois d’ici à 2030 avait assuré le groupe italien au gouvernement congolais, entrait dans le cadre des engagements du géant pétrolier italien à soutenir des initiatives de transition énergétique dans les pays producteurs de combustibles fossiles comme le nôtre.

Le 5 novembre 2021, le PDG (président-directeur général) d'Eni, Claudio Descalzi, avait rencontré à Kigali (730 km² de superficie) le président du Rwanda, Paul Kagame, pour discuter d'une éventuelle collaboration dans les domaines de la transition énergétique et de l'économie circulaire dans une perspective régionale. Messieurs Claudio Descalzi et Paul Kagame ont discuté de la manière de tirer parti de la « solide expertise agricole du Rwanda avec des projets dans la chaîne agro-industrielle », tels que la culture pour produire des matières premières agricoles destinées au bioraffinage dans la culture du ricin au Congo-Brazzaville.

Le 2 août 2022, à Brazzaville à l’issue d’un entretien avec monsieur Denis Sassou Nguesso, monsieur Claudio Descalzi, président-directeur général de la compagnie italienne Eni, avait fait des annonces importantes : « Nous avons discuté du projet agricole, notamment de la production d’huile pour les bioraffineries. Ce projet, qui a déjà démarré, se fera en plusieurs étapes. L’objectif étant de parvenir à produire environ 31 000 tonnes d’huile en 2023, 60 000 tonnes en 2024, et 150 000 tonnes en 2025. Nous avons commencé à former les agriculteurs et à signer des contrats avec eux ». À ce jour rien de visible sur ces productions et ces formations, surtout en cette année de la Jeunesse !

Cette exploitation d’huile de ricin pour la production de biocarburants a été sous-traitée au Rwanda au détriment des Congolaises et des Congolais, et en même temps la sécurité du régime autoritaire de monsieur Denis Sassou Nguesso qui ne fait pas confiance aux militaires congolais réduits au rang de faire-valoir.

L’homme lige de monsieur Paul Kagame au Congo-Brazzaville n’est autre que monsieur Serge Pereira, gendre du PDG d’Eni monsieur Claudio Descalzi qui a presque élu domicile au Congo-Brazzaville où sa société Eni dame le pion à TotalEnergies plus en retrait depuis l’omnipotence de la société Eni dans les affaires énergétiques du Congo-Brazzaville.

Monsieur Serge Pereira déjà bien introduit au Rwanda à travers sa société Starstone, est à la manœuvre du projet de câble (fibre optique) 2Africa à Pointe-Noire sous l’influence et la bénédiction du Rwanda. Ce câble pourra connecter Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), ce qui permettra au Rwanda d’accroître son emprise sur la surveillance numérique et la déstabilisation de ce pays sur son flanc Ouest. Le désastre de l’Université Denis Sassou Nguesso est aussi à mettre au compte de monsieur Serge Pereira choisi sans appel d’offres. Au Congo-Brazzaville la famille Sassou Nguesso se confond à la famille Pereira-Descalzi en affaires, ce qui est un mélange explosif en termes de conflit d’intérêts.

Les Congolaises et les Congolais n’ont pas attendu les Rwandais pour faire la culture des arachides, du maïs, du soja et du piment qui relève plus de l’agriculture vivrière. Après des promesses non-tenues de « l’Agriculture, priorité des priorités », « l’Autosuffisance alimentaire d’ici à l’an 2000 », tel un rat pris dans un piège, monsieur Denis Sassou Nguesso cherche des échappatoires afin de demeurer au pouvoir ad vitam aeternam. Tous ceux qui l’ont aidés à reconquérir le pouvoir en juin 1997 sont passés à perte au profit de sa famille biologique, et la purge continue. Au Congo-Brazzaville la liberté d’expression existe, mais la liberté après l’expression n’est pas garantie. 

Nous exhortons le peuple congolais à ne pas céder un pouce sur cette question à défaut de nous retrouver comme des étrangers sur notre propre sol. Le Rwanda, le nouveau gendarme des Occidentaux en Afrique n’a pas de frontières, et à une vision expansionniste du fait de sa faible superficie (26 338 km²) et de sa population qui est de 13,73 millions d’habitants (2022).

En permettant aux Rwandais, à la place des Congolaises et des Congolais, d’exploiter le ricin nécessaire aux biocarburants pour le compte d’Eni, se dessine la stratégie de prédation du Congo-Brazzaville par le pillage de ses ressources qui seront exportées via le port autonome de Pointe-Noire (PAPN) sous la responsabilité de la société turque Albayrak du réseau de madame Françoise Joly, et la fixation des militaires rwandais notamment au Sud du Congo-Brazzaville pour mater la population congolaise en cas de rébellion.

Monsieur Denis Sassou Nguesso prépare-t-il comme ce fut le cas au Rwanda en 1994 sous l’indifférence des Français, un génocide des populations du Sud du Congo-Brazzaville pour son maintien au pouvoir avec l’appui de l’Italie via la société pétrolière Eni ? Plus jamais cela car le peuple congolais a trop souffert de guerres inutiles, et cette fois-ci nous sommes prêts pour la confrontation. Pour paraphraser Ruben Um Nyobe, nous dirons : « Une telle situation nous impose comme condition première de rompre avec un TRIBALISME PÉRIMÉ et un RÉGIONALISME RÉTROGRADE qui à l’heure actuelle comme dans l’avenir, représente un réel danger pour la promotion et l’épanouissement de la nation congolaise ».

NON à la cession des terres congolaises au Rwanda, OUI au départ par tous les moyens nécessaires de monsieur Denis Sassou Nguesso qui semble avoir perdu le Nord.

C’est feu Président Thomas Sankara du Burkina Faso qui disait : « L'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s'il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d'un maître qui prétend l'affranchir. Seule la lutte libère ».

Cette citation est plus que d’actualité pour les Congolaise et les Congolais du Congo-Brazzaville, en transformant les ricins de la colère et de la discorde en une lueur d’espoir pour un Congo-Brazzaville nouveau qui resplendira à jamais.

 

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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

 

Congo-Brazzaville : Les ricins de la colère.
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