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DAC - le portail d'information de l'association Développer Autrement le Congo (DAC).

13 Jan

Le P.c.t est-il encore crédible pour traiter avec ses alliés et la classe politique?

Publié par Berijc

La politique de l’autruche conduit toujours dans le mur. Changer ou pas la Constitution est un vrai problème. Ne pas le prendre comme tel est une erreur et peut être même une erreur fatale. Dans les tout prochains jours, la majorité présidentielle et l’opposition vont se retrouver, pour débattre des problèmes dont, certainement, celui de la Constitution. Il se trouve que sur ce problème, la majorité présidentielle part divisée. Que s’est-il passer ?

En fait, le P.c.t est victime de sa cupidité et de sa déloyauté envers ses alliés. Le principal parti de la majorité a toujours oublié qu’il a une relation politique avec ses alliés et qu’à chaque fois, il faut s’assoir et faire le point sur les engagements pris, ce qui a été honoré, ce qui ne l’a pas été et ce qui est possible d’être corrigé. Le P.c.t n’a jamais voulu faire ce point et comme toujours, d’ailleurs, si l’on en croit les dirigeants des partis alliés. Certainement, pour éviter de se sentir débiteur. Même en son sein, il y a des cadres qui reconnaissent que leur parti ne respecte pas ses accords. Or, ce sont les accords conclus avec les alliés qui ont permis l’élection du président Denis Sassou-Nguesso à la magistrature suprême.
C’est l’histoire d’une chasse en battue dans le village. Quand les gens se réunissent et s’entendent, pour aller chasser l’éléphant, chacun d’eux a un rôle précis à jouer dans la partie de chasse. Une fois l’éléphant tué, loin, dans la brousse, on dit: c’est notre éléphant et ils le tractent tous, parce qu’il est lourd. Voilà qu’arrivés au village, il y a un qui dit que c’est mon éléphant et il donne de bouts de parts aux autres. Il faut rappeler que dans la tradition congolaise, les parts étaient connues avant d’aller à la chasse en battue, pour chaque participant, même les chiens.
A la majorité, on entend, souvent, dire que le P.c.t n’a jamais rien respecté et ce n’est pas la première fois. D’où les difficultés avec ses alliés, aujourd’hui. Il est donc incapable de faire le point.
L’autre faiblesse du P.c.t est le non-respect des conclusions des différents dialogues (Brazzaville, Ewo, Dolisie, puis Brazzaville). Pourtant, ces conclusions sont des avancées significatives dans l’amélioration du processus électoral. Tout dialogue débouche sur des solutions de compromis. C’est celui qui est au pouvoir qui doit donc les matérialiser. A ce stade, le P.c.t et son gouvernement n’en font pas, souvent, cas. De ce fait, le P.c.t se discrédite non seulement devant ses alliés, mais encore au sein de la classe politique nationale, pour non-respect des conclusions du dialogue. Sauf à faire un passage en force, avec les conséquences que l’on peut imaginer, il est impossible d’avancer avec un parti qui ne tient pas ses engagements. Dialoguer, c’est concéder: qu’est-ce que le P.c.t peut concéder et respecter? Voilà comment on s’interroge, aujourd’hui, au sein de la classe politique.
Sur la question de la Constitution, qui est, en fait, une nouvelle vision (une nouvelle partie de chasse en battue), il y avait déjà une divergence, tout au début, sur l’approche. Certains partis, comme le R.c de Claude Alphonse N’Silou, avaient pensé qu’il fallait, d’abord, aller vers la base, mais surtout assainir le processus électoral et trouver une solution qui garantisse au chef de l’Etat une retraite paisible, car, disait-il, peu importe la question posée, dès lors que le processus électoral n’est pas vicié, le peuple peut toujours surprendre dans sa réponse. Car, l’important n’est pas la question posée (changement ou non de la Constitution), mais que les Congolais devaient être libres de choisir par les urnes. Il y a eu une levée de boucliers à cette façon de voir, surtout que les premières consultations de la base du Rassemblement citoyen étaient largement opposées au changement de la Constitution.
Finalement, en difficulté, au dernier moment, le P.c.t, très critique sur cette approche au départ, a fini par l’adopter et en faire sienne. Il est reparti vers sa base et en deux ou trois semaines, a sorti une déclaration qu’il est pour le changement de la Constitution.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le M.c.d.d.i, par son secrétaire général, Guy-Brice Parfait Kolélas, a déclaré qu’il est opposé au changement de Constitution et tous les grands partis de la majorité présidentielle, pour avoir été floués aux différentes scrutins, demandent qu’on assainisse le processus électoral.
A la dernière réunion de la majorité présidentielle, beaucoup de partis ont estimé qu’il est urgent d’avoir une séance de travail entre les présidents du collège de la majorité présidentielle et le chef de la majorité présidentielle, lui-même, c’est-à-dire, le président de la République. En effet, l’actuelle direction du P.c.t a perdu toute confiance devant les alliés et il n’est plus possible pour elle de négocier avec eux, l’avenir qu’on veut avoir. Elle aurait été plus sage, comme le lui conseillait ses principaux alliés, comme le R.d.p.s, le R.c, le M.a.r, etc, de trouver, d’abord, au sein de la majorité, un compromis sur une solution alternative. Forte d’un consensus en son sein, la majorité présidentielle serait alors allée parler avec l’opposition, en défendant une  position  commune. Cette sagesse a manqué. D’où les difficultés d’aujourd’hui.
Ce dossier a connu beaucoup d’évolutions qui ont des incidences certaines sur les positions des gens. Les partis ont demandé à leurs bases de continuer de réfléchir et ils se sont donné le temps de déterminer, publiquement, leurs positions.
Le P.c.t aurait tort de penser que la présence des partis de la majorité à la rencontre avec l’opposition vaut validation de sa position. Ces partis participent à la rencontre, parce qu’ils croient à la vertu du dialogue.
La question du changement ou non de la Constitution divise tous les partis politiques, dans le pays, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition. Il faut rappeler qu’il y a quelques années, c’était l’actuelle opposition dite radicale, avec le M.c.d.d.i, qui demandait qu’on change la Constitution actuelle. Aujourd’hui, ils y sont farouchement opposés. Ce dernier petit rappel peut aider les uns et les autres à mettre un peu d’eau dans leur vin, pour que l’essentiel soit préservé dans notre pays: la paix.

Jean Joseph MOUKOURI
Observateur

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